Jacques Louis David et la Révolution Française

David, Autoportrait, 1790, 63x52 cm, huile sur toile, Pushkin Museum, Moscou.Source : Web Gallery of Art, Paintings between 1784 and 1792 (en ligne)  http://www.wga.hu/index1.html ( consulté le 09/02/15)

David, Autoportrait, 1790, 63×52 cm, huile sur toile, Pushkin Museum, Moscou. Source : http://www.wga.hu/index1.html

Juin 1789, Le Tiers État, quelques nobles et quelques membres du bas clergé forment la première Assemblée nationale de l’histoire de France. Trois jours plus tard ils se réunissent avec leurs partisans dans un gymnase où ils énoncent le Serment du jeu de Paume. Le mois d’après, Le Clergé, La Noblesse et le Tiers État forment l’Assemblée nationale constituante chargée de rédiger une constitution pour la France et le peuple parisien donne l’assaut à la Bastille. David, lui, pose la dernière touche à ses Les Licteurs rapportant à Brutus les corps de ses fils. De peintre académicien de l’histoire antique, David devient peintre académicien de l’histoire nationale. Dans l’effervescence des événements qui l’entoure, il emprunte le thème de Brutus raconté par Tite-Live. Sénateur romain luttant contre l’autorité royale jusqu’à ordonner la mort de ses fils qui se liguent secrètement contre la République. L’artiste présente le tableau au Salon de 1789 et il gêne énormément le pouvoir. Et pourtant, il est réutilisé à des fins politiques et est exposé une seconde fois au Salon de 1791 (1). David, pleinement engagé dans la Révolution, commence la réalisation d’une toile monumentale qui est le Serment du Jeu de Paume relatant les événements de mois de juin. C’est la représentation d’un événement contemporain et national à la manière d’une peinture d’histoire. Un projet qui ne va jamais aboutir. Ce sont les Jacobins, fervents défenseurs du peuple, qui veulent d’abord financer l’oeuvre. Ils seront rattrapés rapidement  par l’Assemblée constituante qui y voit un symbole de l’unité nationale et qui voudra la financer au frais du trésor public. Finalement, les événements ont pris un tournant différent, et cette question d’unité nationale laisse place à la division entre extrémistes et modérés. L’artiste abandonne sa toile au printemps 1792 (2).

En 1793, Jacques Louis David est élu député de Paris à la Convention. Il vote pour la dissolution de l’Académie Royale de peinture et de sculpture et surtout pour la mort du roi Louis XVI (3). Ce dernier est exécuté dès le mois de janvier 1793. La même année, le peintre réalise trois tableaux glorifiant les martyrs tués pour la liberté, Le Peletier de Saint-Fargeau , disparu aujourd’hui,  La mort de Marat et Le jeune Bara, achevé l’année d’après. Il est proche de Robespierre, et son engagement politique est tel qu’il est emprisonné deux fois en 1795 au Luxembourg. Lorsqu’il est libéré, il peint L’Enlèvement des Sabines. À nouveau, il se sert du thème de la paix entre les Romains et les Sabins. Mais sous ses inspirations antiques, le message est clair, le tableau transperce d’un véritable soucis d’unité nationale (4). Alors que La Terreur engendre massacres et tueries en France, David ne souhaite que la réconciliation générale du peuple. En 1797, il entre en contact avec Napoléon Bonaparte et lui voue une très grande admiration. Il sera nommé premier peintre en 1805 et participera à la propagande du pouvoir impérial de Napoléon Ier par sa peinture. Il s’exile à Bruxelles pendant la Restauration, période marquée par le retour du pouvoir monarchique après la chute du premier empire, et y meurt en 1825.

Élu député, président de la Convention, membre du groupe des Jacobins et membre du Comité de  Sûreté générale, David est profondément marqué par cette période de l’histoire de France. Son art est un véritable manifeste de son engagement politique. Plus qu’un artiste engagé, Jacques Louis David était un véritable acteur de ce tournant historique qu’est la Révolution Française.

A.L.B

(1) http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=1205
(2) http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=215
(3) http://www.universalis.fr/encyclopedie/jacques-louis-david/3-l-episode-revolutionnaire/
(4) http://www.universalis.fr/encyclopedie/jacques-louis-david/3-l-episode-revolutionnaire/